Expérimentation 1

Tout d'abords, et ceci s'appliquera également pour les autres exercices, je tiens à préciser ce qui me passionne le plus dans l'animation. Voyez, certains ont la passion de la qualité visuelle, d'autre de l'inspiration artistique, de la présentation, de l'originalité du style graphique etc. Pour ma part, je dois avouer que tout ce qui attrait au graphisme ne m'intéresse pas vraiment. J'y reconnais une grande importance et comprends sa nécessité, mais ce n'est ni la partie que je préfère, ni celle que j'accorde personnellement le plus d'importance. Ce qui me passionne le plus, c'est l'aspect narratif: ce qu'on transmet comme message ainsi que comment et par quel moyen on transmet le message. Dans cet optique, le concept de l'animation compte beaucoup pour moi: comment on présente les choses. Est-ce qu'on met en scène deux personnages exprimant verbalement leur émotion, ou on fait plutôt parler les émotions directement, en tant qu'entités. Est-ce que le personnage fait savoir qu'il a une douleur, on fait-on parler la douleur, ou l'organe qui a mal? Veut-on réfleter la progression psychologique du personnage au travers de l'histoire, c'est à dire faire passer l'ambiance de toute la narration par les mêmes étapes que le personnage vit? Veut-on une métaphore complexe, ou un message très simple etc.

Bien sûr l'aspect animation pure m'intéresse également beaucoup, les mouvements des personnages, ce qu'ils peuvent nous transmettre comme information, comme émotion: démarche lente et dos courbé ou bien démarche enjoué et poitrine bombé (pour ne donner que ces exemples simples) ou encore tics nerveux, directions des yeux, sourcillement...

C'est pour cela que je recherche toujours des idées à communiquer, c'est cela qui inspirera le style que je choisirais, et non pas l'inverse. Certains choisissent un style et prennent n'importe quel contexte pour utiliser ce style, c'est tout aussi bien. Mais je préfère faire l'inverse: trouver une idée et utiliser "n'importe quel" (ou celui qui convient) style pour pouvoir conter mon histoire. Ainsi le style n'est "seulement" qu'un prétexte pour la narration. Maintenant tout le défis consiste à trouver un style qui correspond à la narration et je crois que c'est un peu en ce sens que trouver un style m'intéresse: pour qu'il complémente l'histoire dans ces caractéristiques.
________________________________________________________________________



(idée d'image pour le background)
J'espère ne pas trop endormir avec tout ce texte. C'est plus ma force que les croquis pour l'instant... Mais je vais en faire quelques uns, parce que je ne suis pas du tout sûr de ce que je veux faire comme style et je voudrais une confirmation, pour ne pas mettre du temps dans quelque chose qui est... comment dire... pourris? Sans blague: j'aimerais utiliser des personnages en silhouette purement blanche (ou noire) (style Reiniger) et un décors plutôt complexe et coloré pour faire un contraste, un peu comme si les deux n'étaient pas dans le même univers et en suggérant que le décors est plus réel que les personnages, puisque coloré et avec autres détails qu'une silhouette (qui ne laisse pas paraître des éléments qui ne font pas partis de la périphérie)...
























À gauche une ébauche pour des masques que je donnerais éventuellement aux personnages correspondant à l'histoire avec Sade. Puisque les personnages seraient nus, il faudrait que l'on voit bien leurs muscles et leur anatomie dans leur silhouette, et pour les différencier et les rendre plus particulier, des masques extravagants et détaillés. À droite une ébauche pour un type de Descartes: sur tout les portraits que l'on trouve de Descartes, il est en toge. Hors un personnage en toge en papier découpé est soit un très beau défis, soit un échec. C'est pourquoi j'opte pour un style plus classique, attrayant en silhouette et que l'on associe plus spécifiquement à cette époque en Europe.


       ________________________________________________________________________
L'époque 1600-1799 en Europe est marquée par le phénomène des "lumières" symbolisant le renouveau apporté par la philosophie, la science et les arts sur la période qui précédait.

C'est tout ce principe du renouveau et de la confiance dans les avancées en médecine, philosophie existentielle, en physique et en mathématiques qui m'intéresse. Ce fut une période décisive quant au tournant que devrait prendre l'avenir de l'humanité. On nomme, en autres, René Descartes pour sa large contribution en mathématiques, physique et philosophie. En philosophie, Descartes écrivit plusieurs publications dont une séries de "méditations". Une partie des nombreuses méditations parle de la difficulté que peut rencontrer une âme honnête lorsque confronté à la véracité, la crédibilité de la réalité:

"Peut-être que la réalité que vous vivez est-elle la création d'une autre conscience? Peut-être n'êtes-vous qu'un cerveau dans une cuve, rêvant votre vie? Deux questions qui font douter de notre réalité, et que de récents films ont exploitées: The Matrix (...) Possible Worlds (...) Inception." [SÉNÉCHAL, Joan. Méditations Métaphysiques Traité des passions de L'âme Descartes.Québec, Les Éditions CEC, 2011, 190 p.]

C'est sous la forme d'un exemple que Descartes formule ses doutes quant à la réalité. Pour résumer, Descartes écrit que la réalité pourrait n'être que l'effet d'un génie (d'un être, une entité) maléfique prenant plaisir à le confondre en trompant ses sens. Descartes décide alors de fonder ses futures connaissances sur des certitudes absolues et en va de sa célèbre phrase: "Je doute, donc je pense. Je pense, donc je suis!" qui lui permet d'affirmer son existence en tant que sujet, pas nécessairement en tant qu'être humain. C'est alors que Descartes fait rentrer en jeu la notion de Dieu. Pas nécessairement le Dieu chrétien classique, mais plutôt l'entité à l'origine de l'univers tel qu'on le connait. Puis Descartes explique l'existence de Dieu comme suit:


"Si je me juge imparfait, c'est en effet que j'ai en moi l'idée de la perfection. Or cette idée ne peut provenir de la réalité sensible, où rien n'est parfait. C'est donc que cette idée est la marque laissée en moi par un être parfait, en l'occurrence mon créateur, Dieu." [Idem].

Pourquoi toute ces explications? Simplement parce que j'aimerais mettre en scène de manière un peu cocasse, une rapide capsule expliquant la réflexion de Descartes, tout en réfutant et/ou commentant ses observations. Les animations mettraient en jeu Descartes, une entité maléfique (génie, Effrit), une entité divine (Dieu, dans sa représentation classique) et leurs intéractions. Pour aller avec le style "comique" d'une explication rapide, j'ajouterais une musique du temps (par exemple celle sur ce vidéo ,http://www.youtube.com/watch?v=E8vmKGyPcig , ou tout autre musique de clavecin ) un peu en accéléré, j'exagérerais les mouvements expressifs des personnages. Il faut tout de même prendre en compte qu'il y aurait beaucoup de mouvements subtils, des "simples" translations, des rapprochés, recadrages, pour laisser le temps aux explications d'êtres comprises sans que l'on soit distrait par des mouvements trop "prenants".

________________________________________________________________________

La Philosophie dans le boudoir est une oeuvre de Donatien Alphonse François de Sade, dit Marquis de Sade, publiée en 1795. Mettant en scène 3 jeunes hommes chargés de l'éducation sexuelle d'une fille de 15 ans.

Suite de scènes obscènes et sexuellement "inhabituel", le livre est ponctué de réflexions justifiant les comportements libertins qu'appliquent hardiment les 3 jeunes hommes, notamment dans le but d'"éduquer" la jeune fille.

Deux de ses explications relèvent mon attention. L'une justifie la sodomie, l'autre l'inceste. Sade a une approche assez directe lorsqu'il parle au travers de ses personnages. Pour le paraphraser et résumer sa pensée (dans son livre La philosophie dans le boudoire): la nature doit prévaloir sur la culture et il est mal de réprimer les désirs humains au travers de loi "injustifiées" qui briment notre liberté. Ainsi le plaisir est un désir naturel, guidé par l'instinct et c'est, par conséquent, une chose que l'on se doit de ne pas brimer. Aussi, la sodomie est source de plaisir et son envie émane d'un instinct, c'est donc qu'il ne faut pas s'empêcher de pratiquer la sodomie. Ici ce n'est pas le point de vue adopté qui m'intéresse (pour différentes raisons, cela ne m'offusque pas vraiment) mais surtout la manière dont il est défendu: on ne doit pas brimer les désirs naturels innés. Qu’adviendrait-il si l'on appliquait cette règle dans l'ensemble des regroupements humains, aussi primitifs soient-ils? Le deuxième point de vue s'appuye de manière similaire sur les désirs naturels, en plus de compléter en mentionnant que l'amour filial et fraternel est une chose innée de la nature qui fut nécessaire pour la survie de l'espèce et qui se développa. Il dit aussi simplement que la meilleure manière de démontrer l'amour c'est par des actes de tendresse et de sexualité et qu'il serait normal d'avoir une attirance pour sa famille. Cette position-là m'intéresse à cause de sa conclusion déroutante qui va à l'encontre de la théorie de l'évolution et de la logique "normale" que la plus part des gens adoptent sans questionner.

J'aimerais peut-être exploiter cette dualité entre pratique et théorie sexuelle pour faire une animation de silhouettes peu révélatrice tout en ne laissant pas place à l'interprétation quant aux actions que sont en train de performer les personnages et en prenant avantage à la position déroutante dans laquelle se retrouvant l'auditoire pour placer des raisonnements quant aux justifications de ces actes. Une manière de faire cela serait tout bonnement de recréer une scène du livre ou plusieurs scènes avec des ellipses pour raccourcir le travail de transition et aller directement dans le vif du sujet.

________________________________________________________________________

Un autre vidéo qui démontre le style visuel et la musique de l'époque: http://www.youtube.com/watch?v=8LyuvRQLrhE

On se rappel que les 17-18e siècles ont vu passer des artistes qui cherchaient à recréer un maximum de réalisme dans leurs oeuvres, ainsi les portraits ont pratiquement l'air de photographies et les scènes mettent en oeuvre toutes les techniques de réalisme: la perspective, les tons de couleurs complexes, les ombres portés, les ombrages etc. Il en ressort des tableaux frappant de par leur proximité au réel. (style qu'on appel le baroque apparement? Jsuis pas encore fixé sur l'exactitude de ce que je dis là, surtout parce que tout ce que je trouve c'est du wikipedia... Mais il me semble bien que le baroque fut mentionné en classe, c'est juste que je crois le confondre avec le classicisme...! Tout deux semble porter une grande importance au réalisme, il m'apparait que la différence est plutôt dans la composition de l'image et aux libertés que se donne l'artiste)
________________________________________________________________________
J'ai fignolé un back ground. Le cutout est plus difficile que je ne le pensait, surtout quand on essaye de mettre beaucoup de détails. J'ai hate de voir ce que je pourrais faire au niveau de l'animation, parce que même si je suis fier du travail accompli sur mon background, il reste assez petit et pas extraordinaire... À voir!

________________________________________________________________________

J'ai abandonné le style de silhouette en noir sur fond éclairé par dessous pour un style plus "original" et qui ne s'obtient que par une manipulation numérique des images. Je crois qu'il est intéressant de constater que c'est tout comme si le décors n'existait qu'au travers des personnages, selon leur propre "perspective". J'ai également pris une chanson de Bach avec un effet "vieille radio" qui se transforme vers la fin. L'arrière plan est bien entendu une modification de la photo plus haut, en travaillant directement par dessus, comme un papier calque. Je suis bien satisfait du résultat, un peu moins de la marche, mais plus la partie où il est effrayé et rampe sur le sol. Les cartes de dialogue sont également inspirées d'une image que j'ai modifié:


En plus d'ajouter une séquence en alpha de quelques égratignures et un effet stroboscopique. Je suis toutes fois décu que les détails que j'ai sculpté dans mes marionnettes ne soient pas apparent à l'écran, ceci est dû à l'imprécision de Keylight et au fait que mes marionnettes avaient un certain "volume" et projetaient une ombre...




________________________________________________________________________

Images du projet:
Détails des marionettes


Setup




Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire